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N° PA54000015 - Site archéologique de hauteur fortifié du Camp d'Affrique

Mis à jour le 16-05-2023
Ecole
 
54850 Messein
Coordonnées GPS :
Fiche officielle
Source :
recensement immeubles MH
Propriétaire :
propriété d'une personne privée ; propriété d'une société privée
Siècle :
Age du fer
Date :
1998/09/07 : inscrit MH
Contact :
mediatheque.patrimoine@culture.gouv.fr

Détails :

Site archéologique en totalité (cad. A 2, 3, 14 à 19) : inscription par arrêté du 7 septembre 1998

Historique :

"A dix kilomètres environ au sud de Nancy, le Camp d'Affrique est situé dans un bois à l'extrémité sud-est du plateau de Haye. Ce plateau, terminé au sud par une falaise de vingt mètres et des terrasses qui descendent jusqu'à la vallée de la Moselle, domine la vallée de 200 mètres (altitude de 405 m). A cet endroit, il forme une saillie à angle droit dont un côté regarde la Moselle et l'autre le cours lointain de la Meurthe. Le site est installé sur un rebord de cuesta dont la partie supérieure est composée de calcaires à polypiers et à entroques du Bajocien, surmontant des calcaires sableux. Au pied des falaises, plusieurs couches de minerai de fer oolithique (minette lorraine) ont été exploité au 19e siècle et au début du 20e siècle. Le Camp d'Affrique est connu dès le 16e siècle (lettre de M. de Chateau-Roux en 1532). Au 18e siècle, Dom Calmet (1756) et Durival (1778) le qualifient de camp romain. Ce site a ensuite attiré plusieurs archéologues au 19e siècle (Beaulieu en 1840, Cournault en 1885 et Barthélémy en 1889). Intéressé par le site dès 1889, J. Beaupré le fait classer parmi les ""sites et monuments de caractère artistique"". Entre 1901 et 1912, il y effectue des fouilles qui lui permettent de dater la construction des remparts de la fin du Hallstatt grâce au mobilier recueilli. Les recherches les plus récentes sont dues à J.P. Lagadec, qui y a réalisé un sondage en 1980 et des fouilles programmées de 1981 à 1988. Ces dernières fouilles ont permis de situer le début de l'occupation dans le courant du 5e siècle (Hallstatt D3) et l'abandon du site au cours du 4e siècle avant notre ère (La Tène B1). L'enceinte, de type ""rebord de plateau"", s'appuie sur la falaise et le versant est de l'avancée du plateau. Sa forme correspond à un trapèze rectangle, aux angles arrondis, dont deux côtés seraient légèrement brisés. Elle mesure 360 m dans sa plus grande longueur et 225 m de large (soit une surface de 7 hectares) , et se complète le long du versant par une seconde enceinte rectangulaire de 220 m de long environ sur 70 m de large. Appelée ""Vieux Marché"", cette surface de 1, 5 hectare, en contrebas de la première enceinte, peut apparaître comme une annexe. La fortification principale est constituée de deux remparts successifs, précédés chacun par un fossé de 2 m de profondeur. Ces remparts, parallèles et hauts de 5 m, sont dissemblables par leur mode de construction. Le rempart extérieur est constitué par les matériaux de déblais issus du fossé alors que le rempart intérieur, composé d'une couche de calcaire calciné recouverte de pierres et de terre, repose sur un remblai de terre de 1, 5 m de haut. L'annexe du ""Vieux Marché"" n'est protégée que par un rempart de 3 m de haut précédé d'un fossé, en prolongement du mur extérieur de défense de l'enceinte principale. Le rempart qui englobe cette annexe semble composé de blocs de calcaire irréguliers. Il semblerait que son entrée primitive se trouve du côté est du rempart, à côté d'un puits, au pied de la rampe d'accès. L'espace enserré par la fortification a révélé des traces d'occupation dans l'angle nord-est. Six trous de poteaux, d'un diamètre variant de 0, 15 à 0, 30 m et d'une profondeur de 0, 15 à 0, 40 m, sont de forme circulaire ou ovalaire. Ils délimitent un bâtiment presque rectangulaire de 6 m de long sur 3 m de large environ. Deux aires de foyer, une ovale et une circulaire, se trouvent dans la partie sud du bâtiment. Un angle de deux solins de mur en pierre et en terre a été mis au jour dans le secteur nord de la fouille. Le premier solin, orienté ouest-est, mesure 3 m de long sur 0, 75 m de large. Le deuxième solin, orienté sud-nord, est perpendiculaire au premier. Il mesure 0, 70 m de large et 6 m de long. Deux autres aires de foyer sont situées dans le secteur sud. Une troisième, de 1 m de diamètre, se trouve placée dans le prolongement d'une des lignes de trous de poteaux. Le matériel archéologique abondant trouvé en association avec ces structures a permis d'étudier les activités des habitants du Camp d'Affrique. Les nombreuses meules à grain témoignent de la culture des céréales et de la transformation de celles-ci en farine. Les ossements d'animaux trouvés sur le site montrent une pratique majoritaire de l'élevage, les espèces provenant de la chasse étant peu représentées. Les fragments de creusets, les gouttelettes de bronze (de 2 à 10 mm de diamètre) et quelques jets de coulée sont autant de traces de la fonte de ce métal. Des morceaux de fine tôle de bronze portant des traces de découpe, de la matière bitumineuse (utilisée pour fixer des perles de corail dans les timbales des fibules) et plusieurs outils montrent l'existence d'un atelier de fabrication et de décoration des objets de parure en bronze. L'abondance des fibules et des épingles permet d'ailleurs d'envisager leur production dans cet atelier. Quelques scories, résultats de la réduction de minerai de fer, démontrent que ce métal était également produit sur place, même si l'atelier de production est en dehors de la zone fouillée. Les haches, clous et vrilles témoignent du travail du bois. Un couteau à lame recourbée est probablement un couteau de vannier, seul indice du travail de l'osier qui est encore présent aujourd'hui dans la vallée de la Moselle. Enfin, la quantité importante de fusaïoles et d'aiguilles à chas permet d'ajouter à toutes ces activités le travail du textile. Armes, outils, objets de toilette et vases en céramique viennent compléter cet important ensemble mobilier. Ce site, datant de la période allant du Hallstatt D3 à La Tène B1, présente un intérêt particulier car il représente un ensemble cohérent de fortifications occupé durant une période relativement restreinte. Il faut souligner la calcination volontaire du rempart, identique à celle que l'on peut observer sur les sites de hauteur fortifiés de la Fourasse à Champigneulles et de la butte de Sainte-Geneviève à Essey-les-Nancy (Meurthe-et-Moselle). L'autre intérêt de ce site est de présenter les traces d'un habitat permanent, avec les témoignages d'une occupation dense et continue, ainsi que d'un artisanat florissant."